L’inventeur de la décortiqueuse de pistache
Divine Tinzoh, premier lauréat du Prix du Président de la République en faveur de l’Innovation nous dévoile son secret.
Interviews entre Divine Tinzoh (l’inventeur) et André BION
André BION : Divine Tinzoh, vous êtes premier gagnant de ce prix en faveur de l’innovation au Cameroun. C’est vous le premier dans l’histoire des JERSIC. Est-ce que vous avez l’impression d’être plus fort que les autres ?
Divine Tinzoh : Non pas du tout. Je pense plutôt que tous ceux qui sont là travaillent aussi. Seulement, ils n’ont pas eu la même chance que moi ; chaque chose a son temps. Je remercie le Seigneur grandement.
André BION : Alors ! Vous avez dix millions en main ; que comptez-vous faire avec cet argent ? J’imagine. Construire une grande maison, s’envoler pour l’Europe et ne plus revenir au Cameroun ?
Divine Tinzoh : Je ne crois pas. Je préfère rester dans mon pays et y investir. Le Cameroun a besoin de moi ; de plus l’œuvre que je viens de réaliser résous le problème de la société à laquelle j’appartiens et je souhaite être là pour voir comment le peuple camerounais s’en sert. En ce qui concerne la maison, je n’en ai pas une mais je ne compte pas utiliser cet argent pour construire une maison. Je préfère me servir de cette opportunité pour développer mes facultés de chercheur. J’ai toujours souhaité qu’on me donne un coup de pousse ; l’occasion s’est présentée et je compte investir dans le domaine de la recherche.
André BION : Présentez nous votre invention de manière structurelle
Divine Tinzoh : La machine à décortiquer les pistaches est un appareil qui présente un entonnoir subdivisé en deux grandes parties. L’une d’elle retient les graines tandis que l’autre est chargé d’émettre des vibrations et qui joue par ailleurs le rôle de stabilisateur. Celui-ci s’occupe de la décharge des graines de l’entonnoir vers la décortiqueuse. A partir de là, les graines et les peaux sont conduits vers un discriminateur et la graine passe et se retrouve dans le sceau prévu pour recueillir le pistache déjà nettoyé. Pour ce qui est de la peau, elle est forcée par l’air vers une autre sortie qui mène tout droit vers un sac prévu pour les déchets. Le dernier compartiment est prévu pour l’alimentation subdivisé en quatre transformateurs qui ajustent la machine selon le type de pistache.
André BION : D’où vous est venue cette idée ? Vous avez peut être fait un rêve ou alors le Seigneur vous a parlé et un matin vous avez décidé de créer cette décortiqueuse de pistache ?
Divine Tinzoh : Non ! Pas du tout je ne saurais dire que le Seigneur m’a parlé. Cependant je peux affirmer que je travaille avec la bénédiction de Dieu. Je suis d’ailleurs dans le domaine de la recherche depuis 1996. Ce n’est pas ma première invention ; j’ai reçu le prix du meilleur jeune inventeur camerounais en 2000 de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI). Étant donc inventeur, j’ai vu la souffrance des femmes en général et de mon épouse en particulier dans le processus de transformation de pistache et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. En 2008, je me suis mis au travail et à partir de ce moment là, la machine a commencé à voir le jour progressivement. Vous savez lorsqu’on fait une invention qui est bénéfique pour la femme c’est qu’on a investi pour l’humanité tout entière. Bien qu’il y ait encore des réajustements à faire, je pense que la société apprécie déjà l’œuvre que j’ai mise sur pied. De plus il n’y a même pas encore de machine semblable sur le marché ; c’est certainement la raison pour laquelle la société me met toute cette pression. J’essaye de donner le meilleur de moi pour que cette machine soit mise à la disposition du consommateur le plus tôt possible.
André BION : Alors ! Revenons à ce premier prix. Tout à l’heure vous avez dit que vous aviez déjà eu à faire une invention qui vous avait value un prix il s’agissait de quoi exactement ?
Divine Tinzoh : J’avais crée deux postes radios FM qui fonctionnaient simultanément. Ces postes avaient deux cartes ; j’ai eu cette idée parce que j’avais constaté que les parents qui vivaient dans les zones reculées n’avaient pas toujours un technicien pouvant dépanner leur poste radio en permanence. Ainsi, pour remédier à ce problème, j’ai donc penser à crée une autre carte qui devait fonctionner comme une carte de secours en cas de panne en attendant le jour ou l’intéressé pouvait se rendre en ville. Une fois en ville, le technicien devait juste enlever la carte défaillante et la dépanner avant de remettre l’appareil au propriétaire. C’est donc cette œuvre qui m’a valu le prix de jeune inventeur camerounais.
André BION : Un dernier mot. Quel message aux jeunes qui vous envient, qui vous écoutent, qui vous ont vu à la télévision et qui aimeraient être comme vous?
Divine Tinzoh : Je dirais que c’est le travail qui paye. Si vous avez mis la tête sur une activité, ne vous découragez pas, allez juste de l’avant. Pour moi non plus ça n’a pas été facile. Ça fait déjà vingt ans que ça dure vous comprenez donc que ça n’a pas été facile tout ce que je peux leur dire c’est de travailler encore et encore.
André BION : Divine Tinzoh, inventeur de la décortiqueuse de pistache. J’aimerais connaitre votre coté jardin. Qui est Divine Tinzoh ? Est-il marié ? Est-ce qu’il a les enfants ?
Divine Tinzoh : Divine Tinzoh est un technicien en maintenance et transmission, par ailleurs il est chercheur indépendant, marié et père de quatre enfants.
André BION : Vous avez inventé la décortiqueuse de pistache. Est-ce que le met de pistache est votre plat préféré ?
Divine Tinzoh : Pas du tout. Je suis anglophone et comme tout bon anglophone mon plat préféré c’est le water fufu and eru. Le met de pistache fait à base de légume arrive en second rang.
André BION : Est-ce qu’on doit s’attendre dans les prochains jours à avoir une machine qui tourne le water fufu and eru automatiquement ?
Divine Tinzoh : En tant que inventeur, je reste au travail l’essentiel pour moi pour le moment c’est que la décortiqueuse de pistache soit entièrement finalisée et mise à la disposition de tous les consommateurs.
Propos recueillis par André BION